Le financement en nature
Pour le développement d'un "commun libre", la contribution en nature est souvent le cœur du modèle (don de temps comme chez wikipedia). En particulier dans un contexte où l'argent est rare et centralisé (en attendant des monnaies pensées comme des communs libres). La contribution en nature fonctionne particulièrement bien quand les usagers considèrent que c'est leur moyen de soutenir le projet qu'ils utilisent :
"Je participe à rédiger sur wikipédia, c'est ma manière de financer le projet." "Je contribue au développement d'un lieu que j'utilise tous les jours. Au final, le loyer est moins cher pour tout le monde et ce travail collectif à gérer le lieu permet d'échanger avec les autres."
Par exemple, Parks of food à Brooklyn est une épicerie participative gérée par de la "contribution en temps". Les produits y sont meilleurs et deux fois moins chers. Pour y avoir accès, il faut donner 2h45 de son temps.
Le surplus de main d'œuvre bénévole peut permettre de mettre en place des temps de contribution collectifs sur des projets différents pour avoir le droit à l'usage / ressources du commun. Par exemple, Parks of food a mis en place une crèche associative. Ceux qui y contribuent peuvent bénéficier de l'épicerie participative.
Des outils comme les SEL ou Banques de temps peuvent permettre d'organiser cela
Le financement en argent
Le prix libre dans les communs
Si le fonctionnement contributif sans rémunération (en nature, présenté ci dessus) n'est pas suffisant pour un développement long terme du projet, il faut alors trouver des financements en argent.
Pour cela, un "commun libre" doit résoudre une équation très complexe :
Je dois financer le commun mais il faut que l'initiative soit la plus accessible et contributive possible. Pour rendre accessible le commun, je peux difficilement fixer un prix fixe.... Pour rendre contributif le commun, je ne peux pas être le seul à bénéficier des recettes...
En effet, si je fixe un prix fixe:
- Je limite l'accès à certaines personnes (par exemple, les personnes n'ayant pas les moyens, les non bancarisés si le paiement se fait par CB, etc...)
- Je favorise le développement de projets concurrents qui voudront développer un service "moins cher", ou souhaitant eux-mêmes se rémunérer sur le service. On favorise un potentiel "fork" et donc une division potentielle de la communauté de contributeurs. Le risque de la concurrence m'amène par ailleurs à "cacher" le fonctionnement de mon initiative plutôt qu'à être transparent. Le manque de transparence empêchant la mutualisation sur le commun, cela accélère d'autant plus le développement d'initiatives concurrentes (pensées comme des communs ou pas).
- Dans certains cas, je limite l'usage car je suis parfois obligé de définir l'usage pour fixer le prix. Cela peut compliquer beaucoup les choses. Par exemple, ce serait impossible de fixer un prix sur chaque usage de la route (vélo, piéton, voiture, chemin qui traverse, maison qui s'installe sur le devant de la route, station essence, taxi, etc...).
Pour que le commun soit vraiment appropriable par tous les usagers et contributeurs potentiels, un commun semble devoir permettre la contribution en prix libre au financement du commun...
Comment recevoir des dons ou du prix libre
Il y a un effort pédagogique à travailler pour faire comprendre l’enjeu de payer à prix libre même si c’est libre d’usage ou d’accès. Voici quelques phrases utilisées :
“Ce site est payant, mais son accès est libre pour faciliter l’accès à tous. C’est donc vous qui définissez le prix” ou “Ce site est payant à prix libre”
Exemple de l'outil Loomio . Cet outil propose plusieurs possibilités, soit de payer en don (et dans ce cas, il est proposé aux utilisateurs de faire un don au site), soit payer pour le service au mois avec du coup du support, etc... : http://pix.toile-libre.org/upload/original/1458057852.png
Exemple de ploum : http://ploum.net/bitcoin-pour-les-nuls/
“Ce blog est payant mais vous êtes libre de choisir le prix”
Exemple de somafm : http://somafm.com/support/
“We create radio that we ourselves love to listen to, which means great music without those annoying commercials. But in order to do that, we need your financial support to keep SomaFM on the air!”
Exemple de Paul Jorion : http://www.pauljorion.com/blog/?page_id=647
Donation : pourquoi ? Vous avez la gentillesse de louer mon indépendance mais je ne veux pas bénéficier de la publicité – qui n’est pas ma tasse de thé ! > Je refuse d’opérer parmi vous une sélection par l’argent : je veux que l’accès à mes textes reste gratuit parce que j’entends continuer de m’adresser à ceux pour qui tout ce qui n’est pas gratuit est trop cher. Et il me faut du coup compter sur d’autres qui pourraient contribuer davantage – mais sur une base strictement volontaire. > Objectif de l’appel : 1.300 €. Les premiers 300 € mensuels vont à la maintenance du site et la location des serveurs. François Leclerc reçoit les 1.000 € suivants. L’excès d’un mois par rapport à l’objectif, est reporté au mois suivant. > Vous pouvez m’aider en utilisant la formule classique dans le domaine du logiciel libre : en faisant une donation par PayPal dans la colonne de droite. Si vous préférez me faire parvenir un chèque, écrivez-moi.
Exemple de l’événement “Biens communs” à Calais https://www.facebook.com/events/619324548164059/
La journée est payante mais chaque participant fixe le montant qu’il souhaite donner (même si c’est 0 euro). > L’ensemble de la journée est financée par Les Amis de l’Alhambra, les participations récoltées via ces dons serviront à couvrir tout ou partie des frais engagés. > Ce choix n’est pas anodin, le prix libre est une des composantes importantes des modèles économiques de l’économie contributive > Il était donc évident que cette journée dédié à la découverte et la réflexion autour des modèles alternatifs participe à la promotion de cette pratique.
Outils proposés
- Financement en don fixe avec contrepartie
- crowdfunding avec des outils comme Goteo (libre), kisskissbankbank, ulule...
- Financement en don fixe sans contrepartie (crowdfunding avec des outils comm HelloAsso)
- Financement en préachat (Ex : Ulule > projet non libre)
- Financement en don régulier non anonyme (ex : HelloAsso)
- Financement en don régulier anonyme (ex : Gratipay, Liberapay, Tipeee, Patreon)
D’autres sites de financement : https://snowdrift.coop/p/snowdrift/w/en/othercrowdfunding & http://inside.gratipay.com/appendices/see-also
Explications en détails
- Gratipay (commun libre): Dons réguliers mais anonymes à des projets ou des personnes
Gratipay est une plateforme libre qui propose du don (ou prix-libre) régulier par semaine pour des individus, des projets ou des collectifs. L’outil permet d’afficher un objectif financier avec justification si besoin. L’outil Gratipay lui même se finance de cette manière. Et surtout, et c’est là le plus intéressant, les 30 développeurs de Gratipay choisissent eux-mêmes et par semaine la somme qui leur est due de manière transparente voir ici le fonctionnement. C’est ainsi le premier projet à notre connaissance à réussir à faire travailler ensemble des bénévoles et des personnes rémunérées de manière horizontale sans les séparer en des groupes (les contributeurs bénévoles d’un côté, les salariés de l’autre, les financeurs, les actionnaires, lesentrepreneurs…).
Aussi, commencer à mettre du financement pour un “bien commun” sur Gratipay permettra aux acteurs les plus actifs de la communauté de se rémunérer sereinement de manière transparente pour l’amélioration du bien commun. Des entreprises de services ou de conseil pourraient aussi continuer à financer le mouvement, mais sans pour autant mettre d’empreinte sur la communauté (les dons sont anonymes sur Gratipay), ce qui facilitera son appropriation par tous et évitera le sentiment de travailler au bénéfice de quelques uns. Par exemple, si l’on a des financements d’acteurs privés, cela évite tout procès d’intention sur un potentiel manque d’indépendance.
- HelloAsso (non commun libre): Dons réguliers (vérifier si ça fonctionne) à des projets.
- Goteo.org / catarse.me : Plateformes de financement participatif pour des projets qui démarrent ou à temps limité
Organiser la mutualisation
- Cofinancement avec tous les acteurs intéressés par des développements ou des fonctionnalités spécifiques. Exemple : OpenInitiative : http://funding.openinitiative.com/.
Bénéficier de financements publics
- Certains acteurs publics comprennent l’intérêt de financer directement des communs. Cet enjeu est décrit sur la page Public
Bénéficier de financements privés
- Certains acteurs privées pourraient un jour comprendre l’intérêt de financer des communs même dans des modèles de construction de communs libres et gratuits (à prix libre ou en modèle de don). Une discussion est en cours à ce sujet au sein du projet libre “Gittip” : https://github.com/gittip/www.gittip.com/issues/239
Favoriser les financements par les acteurs économiques utilisant le commun
Lorsqu’un acteur utilise un commun pour développer des services ou des produits (par exemple, l’entreprise qui fabrique des objets à partir de plans “libres”), il y a possibilité de trouver des financements et de la contribution pour soutenir le commun (le plans d’objets dans notre cas). C’est un modèle économique à ne pas négliger. C’est même celui le plus présent à l’heure actuelle dans le monde du logiciel libre.
Une méthode de réciprocité est décrite sur cette page et d'autres ressources sur ce sujet sont visibles sur la page "partenaires privés" autour des communs.
Acheter collectivement
Le modèle 0-rente - Propriété collective d’immatériel et matériel
Chaque nouvel usager rembourse les usagers précédents, afin que tout le monde se partage de façon équitable le coût de développement/d’achat. Cela est possible maintenant par l’informatique et internet. Toutes les informations sur ce modèle ici : https://rizzoma.com/topic/fa848504c3ff35f3fa55498192f456e9/
D’autres systèmes d’achats à étudier
Coopérative de logements, le Mietshäuser Syndikat, « structure associative de soutien à l’habitat collectif autogéré » bien connue à Fribourg, a retiré du marché et collectivisé plus de 80 bâtiments dans les 20 années passées." Un projet en France travaille sur le même sujet : Le clip
Des projets identiques se développement dans l’agriculture avec Garten Coop : http://www.bastamag.net/GartenCoop-une-ferme-solidaire-et
Autres possibilités
- Activer la défiscalisation : Trouver une structure locale pour ça (exemple à Lille : fond de dotation “citoyens solidaires”.)
- Mécénat de compétence : Via du Wecena (projet non actif mais concept valable)
- DIF : Via les droits à la formation
- Projet en cours d’une responsabilité numérique des entreprises
Bien entendu, tous ces modèles peuvent se cumuler au bénéfice du commun produit.
Développement autour de cela
Est-ce que l’on ne pourrait pas imaginer une petite brique pour inciter, faciliter et unir ces démarches de financement ? Ne serait-ce qu’une petite application qui transforme les données financières en graphique ? Liable à un système de dons ? (début de travail en ce sens http://imagination.social/fr/invest/ ou chez http://pixelhumain.com)